Séminaire : Claudine Raynaud sur le toucher et l’haptique

Mardi 5 mars 2024 18h salle 126 STC1

L’haptique et la pensée radicale noire américaine

Claudine Raynaud  (EMMA : Thème 1 Matérialités)

 

Hapticality, the capacity to feel through others, for others to feel through you, for you to feel them feeling you, this feel of the shipped is not regulated, at least not successfully, by a state, a religion, a people, an empire, a piece of land, a totem. (Fred Moten et Stefano Harney, The Undercommons)

Cette intervention se veut une incursion dans la notion d’« hapticalité » développée par Fred Moten et Stefano Harney dans The Undercommons (« Hapticality, or Love » (2013), mais également, en amont, par la théoricienne noire américaine Hortense Spillers en 1987 (« Mama’s Baby, Papa’s Maybe: an American Grammar Book ») et dans sa conférence « To the Bone: Some Speculations on Touch » (2017). Pour mieux comprendre comment l’hapticalité, liée à l’expérience de la cale du navire négrier, à l’esclavage de plantation, est un pas de côté par rapport à une réflexion philosophique sur le toucher, quelques éléments seront évoqués sur « le toucher » tel que défini par Jean-Luc Nancy, et par Jacques Derrida, à sa suite (Le Toucher. Jean-Luc Nancy, 2000). La philosophe féministe Luce Irigaray dans son commentaire sur Merleau-Ponty avait, elle aussi, proclamé que « le tangible est premier » (Ethique de la différence sexuelle, 1984, 152). Ces diverses ouvertures sur l’haptique, pour différentes qu’elles soient, nous entraînent alors vers une lecture de l’écriture du corps chez Toni Morrison (Beloved) et son injonction finale au lecteur de Jazz (1992) : « Regarde où sont tes mains. Maintenant. »

Dernière mise à jour : 01/03/2024