Mme Élora DANJEAN
Soutiendra lundi 15 décembre 2025 à 9 h
Salle des Actes n° 011 à l’Université de Montpellier Paul-Valéry, Site Saint-Charles 1
une thèse de DOCTORAT
Discipline : Sciences du langage
Titre de la thèse : Parole et inclusion. Discours de personnes autistes et de personnes non autistes sur l'autisme
Composition du jury :
- Mme Céline CLÉMENT, Professeure, Université de Strasbourg
- Mme Christelle DODANE, Professeure, Université Sorbonne Nouvelle, codirectrice de thèse
- Mme Nathalie GARRIC, Professeure, Nantes Université
- Mme Aleksandra NOWAKOWSKA, Maîtresse de conférences habilitée, Université de Montpellier Paul-Valéry
- M. Christophe PARISSE, Maître de conférences, Université Paris Nanterre
- Mme Katja PLOOG, Professeure, Université d’Orléans
- Mme Agnès STEUCKARDT, Professeure, Université de Montpellier Paul-Valéry, directrice de thèse
Résumé de la thèse :
De son invention par le psychiatre allemand Eugène Bleuler (1911) à son entrée dans le DSM-V sous le nom de Trouble du Spectre de l'Autisme (TSA), le mot autisme a reçu de nombreux noms et définitions. Plusieurs nominations sont aujourd’hui en concurrence : personne autiste, personne avec autisme, TSA, autistes Asperger, etc. Cette étude examine si le nombre croissant de locuteurs dans le champ discursif de l’autisme participe à une modification des nominations et à une évolution dans les représentations de l'autisme.
Après un retour sur l’histoire de l'autisme, elle cherche à établir une photographie des représentations contemporaines de ce trouble en se basant sur un double corpus. Le premier est un corpus écrit qui contient des articles de presse nationale sur la période de 2013 à 2021. Le second est composé de données orales issues d'entretiens semi-directifs avec des personnes autistes, des parents et des personnes sans lien avec l’autisme. Par le biais des méthodes et outils de l’analyse du discours, l’enquête dégage les catégorisations opérées par ces différents acteurs énonciatifs, les jugements que véhiculent les nominations employées ainsi que les discours qui les accompagnent.
Dans le discours de presse et les entretiens avec les personnes non autistes, l’autisme apparaît comme une maladie touchant particulièrement les jeunes enfants : le lexique associé au mot autisme est celui de l’enfance ; la syntaxe en fait le complément de souffrir, être atteint de ou être exposé au risque de. Ce discours, ancré dans le modèle médical du handicap, catégorise l’autisme comme une maladie. Cette catégorisation place la personne en dehors de la norme, avec des évaluations ambivalentes sur cette situation hors normes.
Des entretiens avec les personnes concernées par l’autisme, c’est en revanche une représentation sociale de l’autisme qui se dégage. Le décalage avec la norme sociale est exprimé par les personnes autistes par un usage important d’adverbes d’intensité : trop, beaucoup, tellement. Leurs définitions de l’autisme sont liées au vécu intime du locuteur : celles-ci sont plutôt axiologiquement négatives, notamment parce que l’autisme complique les relations avec les autres. Cette axiologie négative est cependant à nuancer, puisque le diagnostic est perçu plus positivement lorsqu’il permet au locuteur d’expliquer son comportement ou de mettre en lumière ses forces.
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From its invention by German psychiatrist Eugène Bleuler (1911) to its inclusion under the name Autism Spectrum Disorder (ASD) in the DSM-V (2013), the word autism has had many names and many definitions. Today, various denominations coexist: autistic people, people with autism, ASD, people with Asperger syndrome, and others. This study examines whether the growing number of speakers in the discursive field of autism shapes the nominations and the representations of this neurodevelopmental disorder.
After revisiting the history of autism, this PhD thesis aims to explore its contemporary representations based on the study of two corpora. The first consists of news articles from the French national press published between 2013 and 2021. The second one comprises interviews with autistic adults, parents of autistic people and non-autistic people who have no autistic relatives. Using discourse analysis methods and tools, this study shows the different categorisations made by the different groups of speakers, the judgements carried by these categorisations and the discourses surrounding them.
As seen in press discourse and interviews of non-autistic people, autism is seen as a childhood illness, to the point that the lexical field of childhood is frequently associated with the words autism and autistic; in various syntactic structures, autism is used as the complement of verbs such as souffrir (to suffer; suffering), être atteint de (to suffer from) or être exposé au risque de (to be exposed to the risk of). This discourse falls within the medical model of disability, which considers autism a disease. Consequently, this categorization positions the person as outside the norm, leading to various ambiguous judgements about this perceived abnormality.
Interviews with autistic people, on the other hand, reveals a more social representation of this disability. The discrepancy from social norm is expressed through the use of adverbs of intensity such as trop (too much), beaucoup (a lot), and tellement (so much). Their definitions of autism vary and are linked to the individual lived experiences. These definitions are often negative, mainly because autism is seen as making relationships with other people more difficult. However, this negative axiology is nuanced when the diagnosis is perceived more positively when it allows the speaker to talk about their behaviour or strengths.







