Résumé : Le nouveau libéralisme anglais a marqué de son empreinte l’esthétique du roman des premières décennies du XXe siècle. Des édouardiens aux modernistes, nombreux furent les écrivains anglais à intégrer à leur stratégie narrative certaines des grandes orientations éthiques, philosophiques et politiques de ce renouvellement du libéralisme. La ligne de partage qu’on dessine habituellement entre le roman édouardien, social et réaliste, et une expérimentation moderniste plus éloignée des enjeux politiques de son temps, s’efface ici pour laisser apparaître plusieurs caractéristiques communes. Au premier rang de celles-ci, on observe une pratique semblable d’un art narratif de l’alternative : une alternative entre naturalisme et singularité, une interrogation littéraire originale des conflits entre l’individuel et le collectif, enfin, une réflexion sur l’alternative elle-même en tant que refus de la médiété ou de la synthèse, et comme défense d’une écriture littéraire qui fait le choix de ne pas choisir et de (se) jouer des paradoxes. Voilà ce qu’on observe ici dans certains romans d’Arnold Bennett, Somerset Maugham, H. G. Wells, D. H. Lawrence, May Sinclair, Virginia Woolf, Henry Green et E. M. Forster.
Auteur : Laurent Mellet est professeur de littérature britannique (moderniste et contemporaine) et d’études filmiques à l’université Toulouse Jean-Jaurès. Ses travaux s’inscrivent dans une critique politique et démocratique des esthétiques littéraires et filmiques.
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